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«Une question d’honneur»

Mercredi soir, Eric Pilaud a rencontré 6 supporters du FCG dans les locaux du Dauphiné Libéré et a répondu à leurs questions

Les espoirs pour le maintien

« Un joueur avec un accent sud-africain m’a dit mercredi : « Je n’imagine pas le club en Pro D2. Avec le travail effectué, le jeu que l’on met en place et les progrès affichés, c’est irréaliste. Je suis convaincu qu’on va rester en Top 14 ! » Les joueurs y croient ! Nous avons souvent été quatrième à ce niveau de la saison pour finir sur les chaussettes. Donc, il y a bien un ou deux de nos concurrents qui vont vivre pareille situation et qui vont connaître une mauvaise passe. Il y a aussi une question d’honneur. Les joueurs ne veulent pas quitter le club sur un échec. Aussi, si le club se maintient, ça veut dire que nous aurons réalisé une série de 7 ou 8 victoires. Nous n’avons jamais fait ça. Alors, aussi improbable que soit le scénario, il est tellement excitant qu’il faut le faire. Et puis, personne ne reste drapé dans ses certitudes, à dire que c’est la faute des arbitres, des blessures, etc. Les joueurs continuent de travailler. Ils cherchent la clé pour devenir meilleurs. Cet hiver, nous aurons peut-être moins de notes en style mais nous gagnerons plus. Tout le monde au sein du club est réaliste. En début de saison, les joueurs ont accepté d’avoir une baisse de salaire de 3%. Tout le staff et la quasi-totalité des joueurs ont accepté. Alors, pour les remercier, on leur a promis une prime de maintien. Et, la dernière raison, ce sont des gens comme vous. Tant qu’il y aura des haies d’honneur, des cris dans le stade, les joueurs seront portés. Un tel état d’esprit me fait espérer. »

La lutte pour le maintien

« On a un groupe de joueurs qui a un vrai honneur. Quel que soit le futur, ils ne veulent pas laisser le club en Pro D2. On a la chance d’avoir des personnes extrêmement saines, des battants, qui ne veulent pas laisser le club plus bas que quand ils sont arrivés. Si, par malheur, on devait descendre, il faudrait qu’on remonte tout de suite. Il faut avoir le budget pour ça. Je travaille pour que les partenaires continuent avec le même budget pour une année. Je cite le Conseil Départemental de l’Isère, qui maintiendra son soutien en cas de descente. Cela permet dès lors de cibler un certain nombre de joueurs clé qui ont un impact sur le groupe. Cette semaine, on a une discussion sur cinq joueurs clés qui feront le noyau de demain. Ensuite, nous irons voir les autres. Et ceux qui ont déjà signés de l’extérieur ont confirmé qu’ils resteraient en Pro D2. »

Kalolo Tuiloma

« Kalolo Tuiloma a un problème d’inaptitude en France. Ca ne l’empêche pas de jouer en Nouvelle-Zélande, mais en France, si. On a des examens complémentaires à venir. Si, par malheur, il ne pourrait pas jouer avec nous, on l’aidera à trouver une solution, d’une manière ou d’une autre. Et on se donnera les moyens de notre côté. Trouver un bon pilier droit, en milieu de saison, qui ne coûte pas 35 000 euros par mois, ce n’est pas facile… »

Bernard Jackman

« Alors qu’on était à quatre défaites en début de saison, Bernard m’a dit : « Si je te disais que j’avais fait tout bon, il faudrait que tu me vires car je serais vraiment arrogant. Si tu dois me virer, fais-le. » On a un entraineur qui a l’humilité de se remettre en cause. Il a de l’éthique, des valeurs. Je pense que c’est un très bon leader, un énorme travailleur. Parmi les 5 stars que l’on veut voir rester, la première question posée c’est « Est-ce que Bernard reste ? Car je ne reste que s’il reste. » J’ai demandé à Bernard s’il restait en Pro D2, il m’a dit que si les cinq restaient… J’ai confiance en lui. Il a été le premier à demander à baisser son salaire quand on en a eu besoin. Ce n’est pas un mercenaire. Si c’est la Pro D2, je vais en prendre plein la gueule si je le garde, mais j’assumerai. Aujourd’hui, les joueurs ont envie de jouer pour lui. Et ce n’est pas la contrainte financière qui me fait prendre cette décision. »

Le lien avec le public

« On avait le sentiment que l’on perdait le lien petit à petit : les abonnés avaient l’impression d’être des clients, les actionnaires avaient l’impression que nous ne les sollicitions que pour prendre de l’argent. On a alors décidé de lancer toute une série d’actions pour dire que ce club appartenait à tout le monde. On fait beaucoup en ce moment pour se rapprocher de notre public, que vous sentiez que vous êtes chez vous. Ce n’est pas de la démagogie. »

Le Stade des Alpes

« La plus grosse partie de notre budget partenaires, ce sont les entreprises privées. Mais il y a aussi les collectivités. Le retentissement d’un club sur une ville, une agglomération, un département ou une région, c’est énorme ! Et puis, il y a le coût global du stade. 650 000 euros de loyer, plus le chapiteau qui coûte 20 000 euros par mois, sans oublier la taxe d’occupation des sols de 56 000 euros à la mairie. On a fait une enquête : en Pro D2, six clubs sont à 0 euro concernant le stade. Nous, le stade, plus les amortissements de Lesdiguières, ça pèse 1,2 millions d’euros. On part avec ce handicap budgétaire. Régler le dossier du stade est donc prépondérant. Il faut qu’on nous aide à démarrer. Et, aujourd’hui, on ne peut pas. Mais je suis un optimiste, on travaille avec la mairie, la Métro. J’espère qu’on trouvera des solutions car, sans solution, c’est impossible de boucler un budget. On mettrait la clé sous la porte. Et comme je ne veux pas de ça, on trouvera une solution. Avant le 15 janvier. »

La situation économique du club

« Ce qui est sûr, c’est que l’on ne mettra pas le club en dépôt de bilan. Les actionnaires prendront les mesures qu’il faut pour que le club vive, on se battra pour votre club. On est créatif, si l’argent sort d’un côté, on le fera rentrer de l’autre. Je suis très mal à l’aise de demander à mes co-actionnaires de mettre plus d’argent quand ça va mal. Mais je suis surtout mal à l’aise quand je finance, à titre personnel, sur l’héritage de mes enfants, le fait qu’une société parisienne fasse du profit sur la location de notre stade. Cela me rend fou. C’est une colère froide. »

Retrouvez le compte-rendu complet de cette rencontre dans l’édition du 15 décembre du Dauphiné Libéré