Après la rencontre face à Clermont, Dewald Senekal est longuement revenu sur la performance de son équipe
Quel est ton sentiment à l’issue de ce match ?
« En anglais, il y a une expression : « Un match nul, c’est comme embrasser ta sœur. » (”A tie is like kissing your sister”). Ce n’est jamais très bien. On avait à cœur de sortir un gros match. Sur cette partie-là, on ne peut absolument rien reprocher aux joueurs. Les 23 ont bataillé pendant 80 minutes. À 7 minutes de la fin, être mené de 7 points et aller chercher un match nul, puis une occasion, toute à la fin, de chercher une victoire contre Clermont… Chapeau ! Il y a eu énormément de courage pour remonter le terrain, pour mettre les Clermontois sous pression. Même si ce n’est pas le résultat qu’on aurait aimé, je pense qu’il y a eu beaucoup de positif dans ce match. »
Comment as-tu vécu la dernière tentative de pénalité de Gaëtan Germain ?
« Avec le staff, tous ensemble, on souhaitait que cette pénalité passe. Gaëtan est tellement bon dans ce secteur. Malheureusement pour nous, ça s’est joué à 3 centimètres. On sera toujours Gaëtan et ses coéquipiers : il va en mettre d’autres, il va en rater d’autres. C’est un rôle avec de lourdes responsabilités, qu’il accomplit très bien. Malheureusement, ce soir, il nous manque 3 centimètres pour faire un gros exploit contre Clermont. Je tiens aussi à saluer la performance de Gaëtan : il a sans doute fait son meilleur match dans le jeu général, dans ses déplacements, en attaque, en défense. Pour moi, si on enlève la partie tirs au but, il a fait un très gros match. »
De l’extérieur, on a eu le sentiment que vous n’étiez pas toujours d’accord avec les choix stratégiques des joueurs, notamment en terme de pénalité à tenter, ou pas.
« Au début de la semaine, on met toutes les informations dans un entonnoir, que les joueurs doivent assimiler pour le jour J, où ce sont eux, les acteurs. Nous, on n’est pas dans la bataille. On a nos idées. Parfois, les joueurs ne le sentent pas. Les leaders sont sur le terrain pour ça. Ils ont fait leurs choix. On assume avec eux. Quand on se retrouvera après les vacances, on débriefera ça ensemble. Et, peut-être, ont-ils eu une très bonne raison de faire ces choix. C’est notre façon de travailler, participative. Mais ce sont vraiment les joueurs qui sont acteurs du match. On assume tous leurs choix avec eux. »
Deux joueurs vous ont fait très mal du côté de Clermont : Raka et Yato. Il n’y avait rien à faire pour les arrêter ?
« Ce sont de très bons joueurs. On le savait avant le match. Toulon, la Rochelle, le Racing : Raka et Yato ont fait mal à toutes ces défenses-là. On a préparé ce match en essayant de trouver des solutions pour les contrer. Malheureusement, il y a eu 3 actions individuelles où on n’a pas réussi à le faire, que le collectif n’a pas réussi à rattraper une erreur individuelle. On le savait avant, que cela peut tourner sur une action. Il n’y a pas du tout de notion d’impuissance, car je pense qu’il y aussi 23 Clermontois qui auront très mal ce soir. J’ai vu 23 Grenoblois qui se sont envoyés pendant 80 minutes pour aller chercher ce match. Il y avait des individualités fortes en face, qui leur ont permis de faire match nul chez nous. »
Même menée deux fois de 6 ou 7 points, votre équipe n’a jamais lâché.
« Il faut juste lever notre chapeau à nos joueurs. C’est là, aussi, qu’on voit les progrès effectués. Lors de la finale de Pro D2 la saison dernière, après la première mêlée, on a baissé la tête, c’était difficile. Là, notre équipe est allé chercher ce match jusqu’au bout. Il y a deux ans, avec une équipe montée de Pro D2, j’ai aussi vu ce genre de match où on finit par en prendre 40 chez soi. Cette équipe ne lâche rien. Il reste encore deux tiers du championnat pour garder cet état d’esprit, qui va nous porter jusqu’à notre objectif. »
Est-ce que tu es particulièrement fier des dernières minutes, où vous passer de 20-27 à la pénalité de la gagne ?
« Tout le match me rend fier. Les 80 minutes me rendent fiers. Pendant 80 minutes, j’ai 23 Grenoblois qui ont fait autant mal aux Clermontois, que l’inverse. Certains de leurs joueurs expérimentés nous ont félicités pour cette dernière action, pour aller chercher le match nul, puis la victoire. On a une vraie fierté pour ce groupe, mais pas que sur cette dernière action, pour tout ce bloc de 9 matchs. On a remercié tout le monde dans le vestiaire après le match pour leur investissement. Et qu’il faut bien profiter des vacances, pour qu’on se retrouve avec un deuxième souffle pour le deuxième bloc du championnat. »
Quel est ton bilan à l’issue de ce premier tiers de championnat ?
« Je pense que notre discours, avec Stéphane, n’a pas changé. C’est très encourageant que le groupe vit toujours bien, qu’ils se battent ensemble, qu’ils travaillent ensemble. Ce bilan est vraiment encourageant. Avec ces joueurs-là, si on ne commence pas à se disperser dans des petites choses annexes… Il y a pas mal de joueurs en fin de contrat, qui sont contactés par d’autres clubs… Si on commence à ne pas tomber là-dedans, avec cet état d’esprit, c’est très encourageant pour aller jusqu’au bout de notre objectif, qui est le maintien. Dans ce premier bloc, nous, le staff, avons appris beaucoup de choses, à l’image de notre équipe. On est en nette progression et c’est positif. »
Tu crains que ces discussions affectent les performances de ton équipe ?
« Ce sont des jeunes joueurs qui ont beaucoup de sollicitations, de partout… Le nombre de fois que j’entends « Top 6 ». Les joueurs sont recherchés par ces clubs du Top 6, qui ont des moyens, où ça brille. C’est vrai que c’est une belle reconnaissance pour le travail des joueurs, leur progression, le travail qu’on a fait au Club pour les former. C’est la loi du marché, malheureusement. Nous avons nos atouts, il y a plein de beaux projets ici. On aimerait que nos joueurs sachent qu’on travaille au quotidien pour leur bien-être, pour qu’ils progressent. Ça restera le leitmotiv de notre staff : faire avancer ce groupe et ces jeunes joueurs. Et que, je pense que, s’il y a une prise de conscience de tous ces joueurs, que si on reste ensemble pendant 1 ou 2 ans, on peut vraiment devenir une équipe incroyable, qui va basculer. Est-ce que le monde professionnel va nous permettre d’aller au bout de ce rêve ? On verra. Si ça brille plus ailleurs, les joueurs ont leurs choix à faire. »
Auteur : FCG Rugby