Inscrit dans une longue tradition familiale de bâtisseurs, Bernard Jackman veut construire et faire grandir le FCG.
Midi Olympique a dressé lundi le portrait de Bernard Jackman. L’entraineur irlandais y a notamment évoqué son grand-père, qui, comme de nombreux Irlandais, a émigré pour pouvoir faire vivre sa famille : « Mon grand-père était sur ce chantier (du Rockefeller Center ). Avoir le cliché Lunch atop a Skyscraper sous les yeux me stimule. Elle est là pour me rappeler que je ne dois pas partir d’ici sans avoir réussi. Je n’en avais jamais parlé avant, mais c’est une de mes premières motivations. Dans ma famille, il y a toujours eu des migrants : mon grand-père, mes oncles ont tous voyagé pour améliorer leur qualité de vie, car l’Irlande d’alors était très pauvre. Bizarrement, ils ont tous travaillé dans le bâtiment. Alors, même si je ne suis pas parti pour l’argent, je veux moi aussi m’inscrire dans leur héritage et bâtir quelque chose. Mon objectif, c’est de faire grandir encore plus ce club. Et tout est réuni à Grenoble pour y parvenir. »
Devenu joueur de rugby, Bernard Jackman aurait tout aussi bien pu embrasser une toute autre carrière : « Mon père était maquignon. À la maison, nous élevions des bœufs que mon père achetait puis revendait sur les marchés, ou destinait à l’abattoir. Comme j’étais l’aîné, j’ai beaucoup travaillé à la ferme : pendant que mon père était sur les marchés, je nourrissais et soignais les bêtes, parfois même je faisais les marchés de mon côté. Et j’adorais ça... Le problème, c’est que ma mère craignait qu’en embrassant la carrière de mon père, je reste bloqué ici toute ma vie ! Lorsque j’ai eu 12 ans, ils m’ont inscrit dans un internat, à Newbridge. Je ne rentrais plus à la maison qu’un week-end par mois, ce qui m’obligeait à faire mes devoirs. Et surtout, j’ai découvert le rugby, que je ne pratiquais pas avant... »
Etudiant en marketing international et en Japonais, Bernard Jackman obtient ses diplômes, mais un coup de fil va tout changer : « Parallèlement à l’université, je m’étais inscrit au club de Lansdowne, où j’avais bien progressé. Au point qu’un jour, alors que je devais entamer un voyage au Japon dans le cadre de mes études, Warren Gatland m’a contacté pour devenir professionnel au Connacht. Je n’avais jamais connu de sélections de jeunes, le rugby devenait à peine professionnel en Irlande... J’ai sauté sur l’occasion. »
Sa carrière de rugbyman va lui faire un clin d’œil à ses études : « J’ai gagné ma première sélection avec l’Irlande. Et c’était pour affronter le Japon à Osaka ! Sur le terrain, je comprenais ce que nos adversaires se disaient, je traduisais leurs annonces en touche, parfois je leur répondais. Les Japonais ne comprenaient rien à ce qui se passait ! Mais aujourd’hui, il faudrait que je reprenne des cours pour le parler convenablement. Pour tout vous dire, j’ai même songé à une époque y partir pour entraîner. Seulement voilà, l’opportunité de Grenoble s’est présentée... »
Devenir entraineur est rapidement devenu une vocation pour l’ancien joueur du Leinster : « J’ai commencé à entraîner à 23 ans dans un petit club. Lorsque ma carrière de joueur s’est terminée, j’entraînais depuis 11 ans ! C’était l’évidence pour moi de continuer dans cette voie. J’ai conservé tous mes carnets d’entraînement depuis le début de ma carrière, comme des croquis. Ceux antérieurs à 2008 sont restés en Irlande, mais j’ai emmené tous les autres à Grenoble... Pour moi, l’entraînement, c’est un mélange de science et d’art, parce que tu dois tout planifier, et pourtant t’adapter en permanence. Les plus grands artistes ont en commun d’avoir tous énormément travaillé, tâtonné, avant de maîtriser leur art. Michel-Ange n’a pas commencé par le plafond de la Chapelle Sixtine ! Je ne suis pas assez talentueux pour m’aventurer dans l’art, mais je veux m’inspirer de cette démarche dans mon boulot. Et mon boulot, c’est le rugby. »
Auteur : FCG Rugby