Les joueurs qui étaient sous contrat ont repris ce matin l'entrainement à Lesdiguières. C'est l'occasion pour Eric Pilaud et Michel Martinez de lancer la saison 2017-2018.
Vous avez souhaité vous exprimer ?
Michel Martinez : « Oui ! Les joueurs qui étaient sous contrat avec nous reprennent aujourd’hui l’entraînement et je crois qu’il est grand temps d’enfin nous projeter sur la saison qui arrive ! »
Pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt ?
Eric Pilaud : « Parce que l’on était justement en plein travail avec Michel, les coachs et tous les membres du club sur la préparation de cette saison. Je préfère que l’on prenne le temps de bien faire les choses, que l’on consolide notre groupe avant de s’exprimer. »
Vous parlez du recrutement, il est terminé ?
Michel Martinez : « Nous allons signer dans les jours qui viennent un deuxième ligne ce qui, effectivement, clôturera ce recrutement. Nous avons mis en place une cellule de recrutement avec les deux coachs (Dewald Senekal et Stéphane Glas), Franck Corrihons, notre directeur du développement rugby, Andrew Farley, Eric Pilaud et moi-même qui travaillons main dans la main depuis plusieurs semaines. Notre volonté est de ne plus avoir une seule personne qui puisse choisir qui portera le maillot « Rouge & Bleu », mais une vraie cellule qui puisse valider les propositions de chacun. »
Quel est votre regard justement sur ce recrutement ?
Michel Martinez : « Je crois que l’on n’est pas loin de ce que l’on rêvait de faire : garder une ossature de cadres ayant joué avec nous en Top 14, conserver les jeunes qui ont grandi avec nous ces dernières années et intégrer des joueurs extérieurs correspondant aux profils qui nous manquaient. Bien sûr on n’a pas fait du 100 %, on a perdu Thomas Jolmes et Kevin Kornath... Gio Aplon et Hendrik Roodt, qui avaient pourtant prolongé avec nous, n’ont pas voulu continuer l’aventure puisque Bernard Jackman n’est plus là. Mais je pense sincèrement que l’équipe est armée pour les défis qui l’attendent. »
Quels seront justement les objectifs que vous donnerez à cette équipe ?
Eric Pilaud : « Je ne veux pas faire de langue de bois. On rêve tous de remonter en Top14 au plus vite. Mais avant de faire des grandes annonces qui n’ont pas beaucoup de sens, je veux avant tout que l’on construise une équipe. Une équipe valeureuse, combattante, dure, une équipe qui porte l’ADN grenoblois. De nombreux joueurs nous ont quittés à l’intersaison, un nouveau staff arrive. Notre premier objectif sera de trouver de la cohésion et d’apprendre à travailler ensemble. Sans ça nous ne pourrons avoir d’ambition dans un championnat difficile et relevé comme la Pro D2. Il ne faut pas oublier que cette année le premier de la phase régulière ne montera pas directement. Il faudra finir dans les 6 et gagner une finale pour éviter un barrage avant de pouvoir parler de Top14. Bien sûr que nous avons l’ambition de jouer les premiers rôles en Pro D2, mais soyons humbles, 7 ou 8 équipes ont les mêmes ambitions que nous. Ne franchissons pas les étapes trop vite, construisons une équipe, le reste suivra. »
Quel sera le budget du club pour cette prochaine saison ?
Eric Pilaud : « Le passage du Top 14 à la Pro D2 est violent, mais nous avons tout fait pour maintenir un budget cohérent avec notre projet. Nous devrions avoir un budget autour de 13 millions d’Euros pour une masse salariale brute joueurs de 4 M€ et 850 000 € pour le staff. Aujourd’hui de nombreux partenaires nous ont renouvelé leur confiance et nous avons dépassé le cap des 2000 abonnés. Il y a une vraie passion autour du club, une vraie âme qui brûle au FCG... même après la saison catastrophique que nous avons vécue, nous sentons toujours cette volonté de pousser derrière le Club. »
Justement comment avez-vous vécu cette saison ?
Eric Pilaud : « Écoutez, je veux bien répondre, mais je suis aujourd’hui projeté à 100 % vers l’avenir et non vers le passé. Il ne faut pas se le cacher, nous venons de vivre une saison catastrophique, cauchemardesque ! Je veux le dire clairement, parce que c’est la vérité. Avec Michel, notre seul objectif cette saison a été de sauver le Club. Car oui, plusieurs fois cette saison, nous avons connu des événements qui ont menacé le FCG de dépôt de bilan. Oui, le FCG est aujourd’hui sauvé ! Nous avons mené des actions drastiques sur les dépenses du club, avons pu compter sur le soutien et la solidarité de nombreuses personnes (joueurs, partenaires, supporters, actionnaires, politiques et salariés du club) mais nous avons aussi dû réinjecter avec Michel beaucoup d’argent personnel afin d’assurer la pérennité de notre club. Parce que le club ainsi que sa communauté le valent bien. Le FCG a connu la fin d’un cycle cette année. Je suis extrêmement respectueux du passé, des hommes qui ont travaillé et tout donné pour ce club, comme le dit souvent Michel, « il n’y a pas d’avenir sans une profonde reconnaissance de son passé ». J’entends bien les voix qui disent « Mais vous étiez déjà là (Éric Pilaud était Président du Conseil de Surveillance et Michel Martinez Vice-Président du FCG), pourquoi n’avez-vous rien fait avant ? » Il faut comprendre que le FCG avait un actionnaire principal qui s’appelait M. Kampf, un homme profondément amoureux de notre club, pour qui j’ai un immense respect. Il a été un père aimant avec son enfant qu’était le FCG, sans trop vouloir voir les mauvaises habitudes prises et en le gâtant probablement à l’excès. Ce modèle respectable, qui existe encore dans de nombreux clubs est aujourd’hui révolu à Grenoble. Nous allons donc rentrer dans la vraie vie. Devant les perspectives financières désastreuses aux conséquences dramatiques du début la saison dernière, une nouvelle direction a été mise en place et nous avons pris fermement les commandes. Nous avons repris les commandes d’un train lancé à grande vitesse dans un mur. Nous avons pu éviter la catastrophe et allons maintenant remettre le Club sur de bons rails avant de retrouver dès les saisons suivantes un cycle de croissance vertueux. »
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le nouveau staff sportif ?
Michel Martinez : « Nous venons de passer 3 jours ensemble en séminaire avec tout le staff sportif du club pour mettre en place notre façon de travailler. Aujourd’hui je peux comprendre que, quand l’on parle du FCG les gens pense à l’équipe une, à la Pro D2, mais nous, nous ne travaillons pas de cette façon. C’est toute la politique sportive du FCG sur laquelle nous travaillons, c’est notre projet. Nous avons d’ailleurs nommé Franck Corrihons, Directeur du développement Rugby, dans ce sens. Il aura une vision transverse sur tout le club. Franck ne sera pas sur le terrain, il ne sera pas sur le dos des coachs et il ne fera pas les compositions d’équipe. Par contre il aura la vision d’où l’on veut aller ensemble. Et je tiens vraiment à l’affirmer. Il n’y a pas d’homme providentiel ! Personne n’aura les clefs du camion. Les gens aiment les raccourcis. Mais moi quand je pense au Staff, je pense aussi bien à Dewald Senekal et Stéphane Glas qu’à David Dussert qui accompagne Franck, aux préparateurs physiques qui travaillent sur tout le club. Et quand on parle de président, je n’oublie pas non plus Daniel Jennepin avec qui nous travaillons main dans la main. Nous étions 17 autour de la table en séminaire. »
Vous parlez de projet, c’est quelque chose de concret ?
Eric Pilaud : « Aujourd’hui nous avons finalisé notre vision. Nous voulons retrouver l’ADN du FCG ! Pourquoi nous sommes là aujourd’hui ? Pourquoi j’ai mis beaucoup d’argent personnel dans ce club, passé des nuits blanches à tenter de trouver des solutions ? Pourquoi vous vous êtes là ? Pourquoi le public est là au stade des Alpes ? La réponse est évidente, la passion, l’amour et l’opportunité de grandir et de s’enrichir humainement. Cela passe par l’émotion que l’aventure procure, la richesse des rencontres, les valeurs humaines véhiculées. Je tiens à l’affirmer, certains trouveront ça un peu bisounours, mais c’est notre vision ! Et elle est importante pour relativiser l’importance des égos de tous ceux qui sont de passage dans ce club et justifie de centrer notre projet sur sa dimension humaine. Nous souhaitons gérer le FCG avec la même exigence qu’une entreprise performante, avec de l’excellence dans tous les domaines, une rigueur budgétaire, un management transparent. Le club a connu une crise de croissance dans le nouveau contexte du professionnalisme et je crois qu’il a perdu de l’humilité. Perdu de la convivialité avec ses partenaires et son public. Il a oublié des fondamentaux de notre sport. Franck Corrihons a travaillé sur ces fondamentaux et dès aujourd’hui toutes nos décisions devront être en adéquation avec ces fondamentaux. Le rugby est un sport de combat et un sport collectif, ce qui dicte 5 incontournables (conquérir le ballon - créer de l’avancée - jouer simple, efficace et vite - reconquérir le ballon en défense - contre-attaquer efficacement). Nous souhaitons être transparents, à l’écoute, chaleureux et humbles. Développer l’image du club avec une communication de proximité, le renforcement des liens avec les clubs de la région, le renforcement des liens avec nos partenaires (au-delà de la relation commerciale) et la mise en avant de nos supporters. »
Pouvez-vous nous donner les grands chantiers de ce projet ?
Eric Pilaud : « Oui, d’une manière schématique il s’appuie sur 3 piliers : le sportif - qui lui même se décline en 3 volets : la formation, le recrutement et l’excellence dans le management de l’équipe, les infrastructures et le renouvellement de nos offres commerciales. Le secteur sur lequel nous avons le plus avancé est certainement la formation. Ce travail a été enclenché depuis plusieurs années. Depuis 2 ans, nous sommes le Club de Top 14 / Pro D2 ayant le plus de sélectionnés en EDF jeune et avons 23 joueurs issus du Centre de Formation en équipe première. Mais tout ça est très fragile. Les autres clubs travaillent, certains rattrapent très vite leur retard et on se doit d’être dans l’avancée et l’innovation pour rester parmi les meilleurs. On l’a vécu cette saison, des clubs n’hésitent pas à caser les règles implicites de notre sport, à proposer des contrats hors marché aux jeunes. C’est un fait, on ne doit pas se lamenter sur ça, mais valoriser nos atouts et toujours aller de l’avant. Nous aurons l’année prochaine plus de 40 % de joueurs issus de notre formation dans l’équipe Pro. C’est vraiment quelque chose dont tout le monde peut être fier. Concernant les infrastructures, nous travaillons à l’amélioration permanente de nos centres d’entraînement et de formation pour offrir des conditions idéales au développement de la performance. Cela passe par notre stade de compétition. Nous sommes d’ailleurs vraiment très heureux d’avoir pu trouver des solutions avec les collectivités et le délégataire pour faire baisser le coût de notre location du Stade des Alpes. Concernant la partie commerciale, nous voulons surtout être à l’écoute de nos partenaires et de notre public. Recréer cette proximité que nous avons peut-être un peu perdue et leur montrer que ce club leur appartient. »
Vous êtes donc confiant pour cette saison ?
Eric Pilaud : « Je suis surtout extrêmement excité à l’idée de démarrer cette nouvelle histoire. Excité de vite retrouver le terrain, les matchs et notre public. Je nous souhaite à tous, une formidable saison. »
Auteur : FCG Rugby